Matériaux de construction : de l’importation, à l’autosuffisance au défi de l’export

 

La production des matériaux de construction en Algérie a enregistré un bon qualitatif de grande ampleur ces dernières années. Cette activité est considérée comme la branche la plus dynamique du secteur du BTP, avec l’implication de milliers d’entreprises, qui n’ont seulement réussi à assurer une autosuffisance pour le marché national, mais qui a déjà entamé, pour certaines filiales, des opérations d’exportation.  Certes, les pouvoirs publics ont bien fait de miser sur cette branche en mettant en place diverses mesures de soutien, mais le dynamisme exemplaire des opérateurs est à saluer vivement. Car, les embûches, essentiellement d’ordre bureaucratique, n’ont pas cessé, au rythme des orientations des hautes autorités du pays. Des fabricants de matériaux de construction, rencontrés dans les salons spécialisés organisés par Sunflower Communication en 2018, 2019 et 2020 à Constantine ( Bâti-Est-Expo), Annaba ( Immo-btp-Invest) et Oran ( Oran-Invest Expo), ont été unanimes à mettre en avant leur « volonté et ténacité », comme l’élément le plus déterminant dans leur réussite. Passer de l’importation de ces matériaux, il y a quelques années, à l’export de certains produits, constitue, en effet, un triomphe pour l’économie algérienne de manière générale. D’autant que la qualité des produits nationaux n’a rien à envier aux produits importés. Les années d’expérience et le savoir-faire acquis au long de ces dernières années, encouragés par l’approche adoptée par le gouvernement algérien à partir de 2014, qui avait émis une instruction obligeant l’utilisation duproduit local pour les projets d’habitat et de ne recourir à l’importation qu’en cas d’indisponibilité du made in Algeria, permettent aujourd’hui aux opérateurs nationaux d’appuyer la cadence de leur production et aspirer à placer leurs produits sur les marchés étrangers. A rappeler que ladite instruction avait été signée par l’actuel président de la République Abdelmadjid Tebboune, alors ministre de l’Habitat.

 

Ciment, carrelage, céramique, appareillage électrique et accessoires ...

 

Plusieurs types de produits inhérents au secteur du bâtiment ont déjà frayé leur chemin vers les marchés étrangers. Doucement, certes, mais la cadence est appelée à s’accélérer en 2021, mettant à profit l’entrée en vigueur de l’accord sur la zone de libre échange continentale africaine (ZLECAF), avec tout ce qu’elle comporte comme facilité et avantages à l’export.

Le ciment représente les produits le plus en vue en la matière et sur lequel table beaucoup l’Algérie afin de constituer une source importante d’entrées financières en devise. Les exportations du ciments hydrauliques, y compris le ciment non pulvérisé appelé "clinker", ont connu une nette amélioration, passant de 25,16 millions de dollars en 2018 à 60,68 millions de dollars en 2019, soit une évolution de 141,2%, dépassant ainsi les prévisions prévues par les pouvoirs publics en début de l'année dernière, selon  les récentes statistiques des Douanes algériennes. L'Algérie ambitionnait d'augmenter ses exportations de ciment à 500 millions de dollars, au cours des cinq prochaines années, selon les prévisions rendues récemment publiques par le ministère de l'Industrie et des Mines. L'excédent dans la production devrait atteindre entre 10 et 15 millions de tonnes. Des compagnies telles que le Groupe des Ciments d’Algérie (GICA) avec un réseau étoffé de cimenterie sur le territoire national, Biskria Ciment et Lafarge Holcim Algérie sont à même de relever le défi, au vu de leur maîtrise de la chaîne de production, leur savoir-faire, leur maîtrise technique, et surtout leur esprit managérial ambitieux.

La céramique, dont la moyenne de production annuelle est estimée à 150 millions de M2, selon Mohamed Moncef Bouderba, président de l’association des céramistes algériens (ACA), peut aussi être placée sous les marchés étrangers. Ayant atteint 95% de satisfaction du marché national ( en 2019) , cette filière est appelée à réaliser un surplus de production en 2021, selon lui.

Pour le carrelage, des opérations d’export ont déjà été réalisées par plusieurs opérateurs, à l’expemple de Carreau du Sahel - Koléa (CSK), a exporté plus de 70 tonnes de carreau monocouche en France, selon son directeur Développement, Mustapha Lehouidj.

Cette entreprise exporte depuis plus de deux ans au Sénégal et a reçu des commandes confirmées parvenant de la Mauritanie, selon lui.

En matière d'appareillage et accessoires électriques, l'entreprise BMS Electric a déjà placé ses produits dans certains pays africains, dont la Tunisie, Libye, Mali, Niger, Mauritanie, Cameroun, Sénégal, Burkina Faso et Tchad. Une expérience d’exportation entamée en 2006, a affirmé récemment son chargé Marketing de l'entreprise, Mahmoud Ouazaa.

D’autre produits sont, aussi, à même de contribuer à l’orientation vers l’export du Made In Algeria, dans ce secteur les plus dynamiques.

Le  marché local garde sa dynamique....

 

Le secteur du Bâtiment devrait garder sa dynamique dans les toutes prochaines années, grâce notamment à la commande publique. En effet, l’Etat prévoit la réalisation d’un million de logements pour la période 2020-2024, selon ce qui est prévu dans le plan d'action du secteur de l'Habitat.

En s’ajoutant aux 500 000 logements en cours de réalisation, la consommation des matériaux fabriqués en Algérie devraient connaître une croissance en termes de production. Des mesures de soutien à ces opérateurs ont été annoncées par les pouvoirs publics, à même de leur permettre de relever le double-défi ; satisfaire la commande locale et participer à la concrétisation des objectifs d’exportation. L’année 2021 s’annonce des plus dynamiques pour ce secteur névralgique....

 

                                                                                                                                                                                                                                   Smail Y.K

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